Alegina

Transformer les coquilles d’huîtres en matériaux durables et design

Et si ce que nous jetons après les fêtes de fin d’année devenait la matière première d’un monde plus responsable ? En Vendée, une start-up innovante a décidé de changer le destin des coquilles d’huîtres. Son nom : Alegina. Portée par une vision à la fois écologique, artisanale et industrielle, elle transforme un déchet naturel en matériau d’avenir.

Qui sont-ils ? Une histoire née entre terre et mer

Alegina, c’est l’histoire d’une rencontre entre passionnés du vivant, de l’artisanat et de l’innovation. Créée à partir de 2017, la start-up vendéenne a vu le jour grâce à une équipe pluridisciplinaire : un développeur territorial, un artisan céramiste et un industriel de la matière, rejoints par un ingénieur biologiste marin.

Leur objectif ? Créer une filière vertueuse de valorisation des coquilles d’huîtres, une ressource locale et pourtant peu exploitée.

Le nom Alegina vient du grec ancien : il signifie “née de la mer”. Un clin d’œil à l’origine même de leur matière première, mais aussi à la philosophie du projet : créer à partir de ce que la mer nous donne.

Une mission claire : transformer les déchets en ressources

Chaque année en France, plus de 300 000 tonnes de coquilles coquillières sont jetées après consommation, sans valorisation structurée. Cela représente un gâchis environnemental, économique et symbolique. Alegina propose de faire de ces déchets une richesse.

Leur engagement repose sur trois piliers :

• ♻️ Économie circulaire : revaloriser localement un “déchet” naturel et abondant ;
• 🌍 Impact environnemental positif : limiter les émissions, l’enfouissement et les incinérations ;
• 🛠️ Innovation artisanale et industrielle : concevoir des produits à haute valeur ajoutée, beaux et durables.

Un processus de transformation maîtrisé

La force d’Alegina, c’est d’avoir conçu un processus complet et maîtrisé, du ramassage des coquilles à la fabrication de produits finis, en passant par le broyage, la formulation des matériaux et la recherche technique.

🔄 Les étapes du process :

1. Collecte des coquilles auprès des ostréiculteurs, restaurateurs, déchetteries locales ;
2. Nettoyage doux à l’eau de pluie et tri manuel pour garantir une traçabilité optimale ;
3. Broyage et transformation des coquilles en poudre ou granulat selon les usages visés ;
4. Recherche & Développement pour formuler des matériaux innovants, résistants, drainants ou céramiques ;
5. Fabrication artisanale ou semi-industrielle selon les produits.

En 2025, Alegina traite déjà près de 1 000 tonnes de coquilles par an. Mais une montée en puissance est prévue.

Des produits durables, beaux et utiles

Alegina a déjà développé plusieurs gammes de produits, à la croisée de la construction et du végétal et du design.

VIVAWAY : le pavé drainant et bas carbone

Un revêtement innovant et perméable, parfait pour les :

• trottoirs, pistes cyclables, places publiques,
• parkings perméables,
• cours d’écoles ou terrasses durables.

Composé à 90 % de coquilles, le pavé VIVAWAY est 4 fois moins carboné que le béton classique et peut être recyclé en fin de vie.

VIVAROOF : substrat de toiture végétalisée

Un support 100 % biosourcé pour les toitures végétales extensives, qui :

• favorise la biodiversité urbaine,
• améliore la rétention d’eau,
• est léger, local, naturel, et recyclable.

Mais aussi dans un autre domaine : KAOMER : la porcelaine des mers

Une porcelaine d’exception fabriquée à partir de coquilles broyées, utilisée pour :

• de la vaisselle haut de gamme,
• des bijoux durables,
• des luminaires et objets décoratifs uniques.

Une alternative écologique aux céramiques industrielles, qui séduit les designers et restaurateurs engagés.

Un impact écologique mesurable

L’ambition d’Alegina dépasse le simple recyclage. Il s’agit d’un véritable projet environnemental de territoire, avec des effets concrets :

• Réduction des gaz à effet de serre : les matériaux produits consomment peu d’énergie, sont recyclables, et remplacent des alternatives polluantes ;
• Préservation des milieux naturels : les coquilles ne sont plus jetées, elles sont réintégrées dans un cycle vertueux ;
• Moins d’artificialisation : les pavés drainants laissent passer l’eau, ce qui lutte contre les inondations et protège les nappes phréatiques ;
• Économie locale et circulaire : valorisation de ressources locales, création d’emplois non délocalisables, relance artisanale.

D’où vient cette idée ?

L’idée d’Alegina a émergé d’une prise de conscience simple et puissante : chaque hiver, des tonnes de coquilles sont gaspillées.

Un des fondateurs raconte avoir eu un déclic lors d’un ramassage d’huîtres en famille. En observant le volume impressionnant de coquilles jetées après un repas, l’évidence s’est imposée : “Pourquoi ne pas en faire quelque chose ?”

À partir de là, l’équipe a réuni ses compétences :

• un développeur de projet territorial,
• un artisan céramiste sensible à la matière,
• un industriel de la filière environnement,
• puis un biologiste marin.

Ils ont mêlé savoir-faire traditionnel et innovation verte, inspirés par la biomimétique : imiter la nature pour mieux concevoir.

7. Les perspectives et défis

Après une phase artisanale et expérimentale, Alegina entre en phase d’industrialisation.

👉 En 2026-2027, une usine 4.0 de 10 000 m² verra le jour au Poiré-sur-Vie. Elle pourra traiter jusqu’à 40 000 tonnes de coquilles par an, soit près d’1/3 du gisement national. Le site prévoit aussi un centre de recherche, un showroom, et des partenariats européens.

Mais plusieurs défis restent à relever :

• structurer la logistique de collecte à grande échelle,
• maintenir la qualité et la traçabilité malgré la montée en volume,
• sensibiliser les collectivités et maîtres d’ouvrage à l’importance du choix des matériaux durables.